lundi 25 octobre 2010

Les zones de confort

Tout le monde expérimente le quotidien à sa façon. Certains individus préfèrent un mode de vie plus casanier, ponctué d'habitudes et de loisirs insérés avec minutie dans un horaire prédéterminé, régulier. D'autres choisissent un rythme plus libre, caractérisé par une grande place laissée à l'imprévu. Pour les gens qui les adoptent, ces manières de vivre finissent par devenir normales. Elles deviennent leurs zones de confort. Personne n'y échappe. D'aucuns se sentent très à l'aise dans leurs zones, quelles qu'elles soient. D'autres éprouvent le désir d'en sortir. J'appartiens à cette deuxième catégorie. Et quelque chose me dit que, si vous lisez ce blogue, vous y appartenez aussi.

Je trouve très important de vivre des expériences qui nous obligent à traverser les frontières de notre routine. Toutefois, ces essais n'ont pas à être concluants. On n'a pas à tous les aimer et surtout, on n'a pas à toujours chercher une aventure qui changera notre vie. Après tout, une activité comportant peu de risques - manger dans un restaurant tibétain, disons - apporte aussi une connaissance. Or l'accumulation de nouvelles connaissances élargit les cadres du quotidien. En développant de nouveaux intérêts, de nouveaux goûts, on en vient à bonifier notre personnalité, car elle sera alors plus complète, plus complexe.

Ainsi, je viens de passer avec succès l'examen du premier niveau du kung fu de la Grue blanche, de la lignée de la Grue volante. Après un an d'apprentissage et une bonne centaine d'heures à peaufiner quelques techniques, j'ai réussi. J'en suis fier, car ce fut difficile. Jamais je n'avais été attiré par les arts martiaux, mais quand je me suis fait voler mon appareil photo au Venezuela en 2007, j'ai constaté que je n'aurais su comment réagir si les voleurs avaient voulu s'en prendre à mon intégrité physique. Et comme j'ai l'intention de voyager régulièrement au cours des prochaines années, j'ai décidé que je devais corriger ce que je percevais comme une lacune dans l'ensemble de mes connaissances.

Bien que j'aie toujours apprécié l'activité physique, je n'ai jamais été un amateur de sport motivé et encore moins un athlète. Ma zone de confort s'arrêtait à la pratique du vélo et du jogging. Or depuis cet incident vénézuelien, j'ai choisi de m'éloigner de cette zone et de découvrir un univers en dehors de mes habitudes. Conclusion: j'ai beaucoup, beaucoup appris, et pas seulement des techniques d'attaque et de défense. J'ai surtout appris sur ma capacité à repousser mes limites, sur l'importance du sérieux à mettre dans toutes mes démarches, de la nécessité de toujours apprendre, de toujours acquérir de nouvelles compétences dans divers domaines et d'aller au bout de tous mes potentiels.

La pratique du kung fu m'a rappelé que, pour arriver à réaliser certains objectifs, certains rêves, il importe d'élargir ses horizons et de quitter ses zones de confort, malgré toutes les embûches qui jalonneront ce parcours. Cette leçon peut sembler évidente. Elle l'est. C'est juste que parfois, pour toutes sortes de raisons, on en vient à la négliger. Le confort est peut-être confortable, mais il émousse la passion. Or la passion constitue le carburant qui propulse l'action et l'action est le chemin vers le rêve. Et le rêve, la porte d'entrée vers une vie réussie.